… et enfume le quartier du Pont de l’Arc
Nous connaissons tous le bel espace boisé à l’intérieur de la boucle de la sortie 30b : quarante-huit arbres, un ilot de verdure au milieu de l’enfer du diffuseur autoroutier.
À cet emplacement, la société ESCOTA va installer un parking de covoiturage d’une capacité de 30 places, destiné aux utilisateurs de l’autoroute. Le permis d’aménager a été accordé le 11 octobre dernier. Le panneau annonçant ce projet ne nous a été signalé que très tardivement, à notre grande surprise et surtout à notre grand regret.
Deux conséquences dramatiques
1. Végétation
Selon le dossier de demande du permis, la surface du terrain à aménager est de 3500 m² et la surface imperméabilisée de 1800 m², soit la moitié de la parcelle. Une douzaine d’arbres vont être supprimés. D’après nos estimations, au moins trois arbres supplémentaires sont gravement menacés. Le permis d’aménager prévoit de replanter huit arbres, puisque le PLU impose de planter 1 arbre pour 4 places de parking. Était-ce vraiment la bonne façon de calculer le manque à gagner ? Dans vingt ans peut-être, ces jeunes plants, s’ils ont survécu, pourront égaler en efficacité les arbres disparus. Le saccage de la végétation continue donc à tout va dans nos quartiers sud…
2. Circulation
L’entrée du parking depuis l’A8 s’effectuera par la sortie 30b. Le trajet d’accès est direct : 300 mètres. La sortie de ce parking s’effectuera uniquement en direction de l’Ouest. Faut-il rappeler que le projet de réaménagement des sorties 30 obligera tous ces véhicules à remonter jusqu’au rond-point de la 4ème région aérienne pour redescendre vers l’entrée de l’A8 ?
Conséquence de ce nouveau plan de circulation, le trajet de retour à l’A8 jusqu’à l’entrée 30 au niveau du P+R Krypton obligera les usagers du parking à faire un détour de 500 mètres par le cœur de la ville et à parcourir une distance totale d’un kilomètre avant de rejoindre l’A8 en direction de Nice… En résumé, 300 mètres seulement pour entrer mais 1000 mètres pour en sortir via un circuit de voies urbaines saturées…
Ce projet est manifestement mal intégré dans la trame urbaine car il agira comme une nasse, un véritable piège à voitures, alors que sa vocation devrait être de décongestionner la circulation et de la décarboner… Il produira exactement l’effet inverse et c’est dramatique pour les Aixois et la planète !
S’agissant de l’incidence sur le trafic du rond-point de la 4ème R.A., notre précédent article alertait sur un supplément de trafic consécutif au réaménagement du diffuseur d’au moins 400 véhicules/heures sur le giratoire, (soit +13% d’augmentation de sa charge actuelle qui ressort à 3000 véhicules/heure) avant même de prendre en compte ce projet de parking de covoiturage.
ESCOTA ne fournit aucune donnée de fréquentation prévisionnelle de son projet de parking et c’est fort regrettable. Pour notre part, nous redoutons que le chiffre ne soit très conséquent dès la mise en service de ce nouvel équipement (les aires de covoiturage autoroutière sont des « aspirateurs à voitures ») et qu’il n’augmente considérablement avec le temps, du fait de l’adaptation des mobilités pour répondre à l’urgence climatique.
Qu’au final, le rond-point de la 4ème R.A. doive supporter à brève échéance une hausse de trafic de 20% ne nous surprendrait pas, or ce secteur déjà saturé et fortement urbanisé ne peut pas l’absorber au détriment de son cadre de vie. Pourtant ESCOTA affiche haut et clair une politique vertueuse en la matière, qu’on en juge sur leur site :
« …, covoiturer c’est aussi faire un geste pour la planète… pour décarboner les autoroutes… réduire l’empreinte carbone des déplacements sur l’autoroute… » y lit-on à l’envi, une ambition louable, sauf que si la décarbonation de l’autoroute se fait au prix d’une surcarbonation de la Ville, le remède est pire que le mal !… et c’est bien ce qui pose problème à l’évidence dans le projet ESCOTA présenté sans cohérence avec le schéma d’ensemble.
Face à ce constat alarmant, notre souci premier est d’alerter la population et nos adhérents sur la menace que font courir à notre quartier ce projet de parking de covoiturage et plus globalement le projet de requalification du diffuseur autoroutier de Pont de l’Arc.
Notre CIQ a sollicité à de multiples occasions une concertation de la Ville qui se fait prier. Peut-être faudra-t-il saisir directement la direction de VINCI-ESCOTA pour tenter de débloquer la situation… Nous accordera-t-elle attention ?
Comment est-il permis en 2023 que la population aixoise et ses représentants de quartier soient tenus à l’écart de décisions qui vont bouleverser leur quotidien et qui les préoccupent au plus au point, s’agissant des enjeux climatiques et de l’avenir de la planète ?