Environnement

Une mauvaise herbe bien utile

A cette période de l’année apparaissent dans nos jardins de petites rosettes duveteuses aux feuilles sinueuses. Ne vous débarrassez pas de ce qui pourrait vous sembler être une « mauvaise herbe ».

Il s’agit en fait  de jeunes pousses de Molène sinuée (Verbascum sinuatum).

Deux pieds de molène sinuée en pleine floraison dans un jardin au mois de juin

Cette plante, assez voisine d’une autre molène plus connue, le « Bouillon blanc » (Verbascum thapsus), fleurit tous les deux ans et présente de magnifiques hampes garnies de petites fleurs jaunes très mellifères*.


Outre son aspect esthétique et son utilité comme agent de pollinisation, cette plante présente un avantage supplémentaire non négligeable : elle peut devenir un auxiliaire de protection de l’olivier.


Une plante hôtesse d’un « ogre » hyperparasite.

Dans un article précédent, nous avions présenté l’inule, protectrice naturelle de l’olivier qui peut être l’hôte d’un insecte hyperparasite (Eupelmus urozorus).

Une étude récente a montré que la Molène peut jouer un rôle identique, voire plus efficace. En effet, elle peut accueillir un autre « hyperparasite » (Eupelmus confusus) de la mouche de l’olive. Celui-ci se développe dans un premier temps à l’intérieur d’une galle créée sur la Molène. C’est de cette galle que s’envolera l’insecte « soldat ».

Quand une mouche a pondu dans une olive, une larve de mouche s’y développe en mangeant la chair du fruit. L’insecte « soldat » Eupelmus confusus  va repérer que l’olive est « occupée » et va y pondre à son tour. La larve d’Eupelmus n’a pas le même régime alimentaire et, pour se développer, va alors dévorer celle de la mouche de l’olivier.
L’olive n’en est pas plus sauvée pour autant, mais le cycle de ponte de la mouche de l’olivier est arrêté.

Eupelmus confusus pondant sur une tige de rosier (Photos Bernard MALLET).

L’étude évoque aussi trois autres plantes qui présentent les mêmes qualités d’accueil pour l’insecte Eupelmus confusus :
– la Laitue des vignes (Lactuca viminea)
– le Fenouil commun (foeniculum vulgare)
– l’Asphodèle rameuse (Asphodelus ramosus)

Elles sont toutes trois présentes dans notre région.

images : sources Photoflora.fr / Florealpes.fr / Aujardin.info


Si vous les rencontrez dans votre jardin, vous savez maintenant qu’elles peuvent être des auxiliaires pour la lutte naturelle contre la mouche de l’olivier.

Documentation

– fiche Verbascum sinuatum sur le site  « Eflore » de TelaBotanica
– plateforme herbea.org (Habitats à Entretenir pour la Régulation Biologique dans les Exploitations Agricoles)
La mouche de l’olive (herbea.org) + fiche « Plantes utiles »
– article « lutte contre la mouche de l’olive » sur grab.org (Groupe en Agriculture Biologique)


 *  mellifère : dont le nectar est utilisé par les abeilles pour fabriquer le miel

4 commentaires

  • Merci beaucoup pour cette publication intéressante. Cela fait un moment que j’essayais d’identifier la Molène sinuée, puisque il y en a dans notre jardin. Elle produit de moins en moins de fleurs – je pense qu’il faut la tailler uniquement juste après floraison, non?

  • Merci pour les indications sur la Molêne å feuilles sinusėe,il y a longtemps que je vois cette plante au milieu de mes oliviers elle y est apparue spontanément. La nature fais parfois bien les choses .

  • Merci pour cet exposé très clair. La biodiversité des mauvaises herbes est un trésor à protéger. Les tondeuses à gazon et les désherbants en sont les ennemis les plus fréquents. Ayant moi-même des abeilles dans mon jardin dans le quartier, je suis attentif à ce qui peut leur offrir le pain et le vin ( pollen et nectar).

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